En l’an mil cinq cens et deux | furent consulz de la presenteAbrégé : pnt ville de Montpellier | les nobles et honnourables hommes sire | Estienne Magni, sire Henric du Moussel, sire | Jehan Griffi, sire Jehan Rigandon, sireAbrégé : se Bertrand | Rostaing et sire Jehan Alaire. Ouquel pour | ce que monseigneurAbrégé : monsr l’archeduc de Flandres, filz du | roy des Romains, en venant du pays d’Espaigne | devoit passer par la ville de Montpellier, | le roy nostreAbrégé : nre sire manda et commandaAbrégé : comanda ausdictz | seigneurs consulz que a l’antree dudit monseigneurAbrégé : mosr | l’archeduc lui fusse faict telle et semblable | honneur que l’on feroit a sa personne et a son | entree. A cause de quoy par deliberacion de | conseil general fust ordonné estre fait | tous les misteresMistère : ici, au sens de cérémonies (Dictionnaire universel, La Haye ; Rotterdam, 1690 ; édition électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 13239). , que l’on pourroit faire au | roy nostreAbrégé : nre sireAbrégé : se et fust procedé ainsi que cy | après sera dit et declairé.
Pour receulhir ledictAbrégé : led seigneur archeduc, | ledit seigneur envoya en ladicte ville,
du | pays de France, monseigneurAbrégé : monsr le conte de Ligny, monseigneurAbrégé : mosr | de Ravastains et monseigneurAbrégé : monsr le conte de Rotelyn | et entra ledictAbrégé : led seigneur archeduc le XXXme | jour de
janvier, et vint par devers la
croix | de Saint Barthomieu, et allairent au devantAbrégé : devat
[Fol. 459 v°]
__ jusques a ladicte croix les eglises en
processions, avecques les reliquiaires et meilheures chappesChape :
manteau
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014],
8504). ,
desdictes eglises en ung ordre.
Après allairent au devant messeigneursAbrégé : messrs les generaulx de la justice avecques toute leur court.
Et après eulx alla monseigneurAbrégé : monsr le lieutenant du gouverneur et toute sa court, ensemble monseigneurAbrégé : mosr le bailhe et tous ses officiers abilhez des abilhemens de leur annee, et tous biens aornez et parez de bons et fins abilhemens.
Vint après l’université, tant en droit canon que civil, avecques leurs vergesVerge : canne ou bâton (d'après Dictionnaire du monde rural, Paris, Fayard, 2006, 1438 p., p. 1304). , d’argent.
Après vint l’université de medecine en leur verge aussi d’argent.
Et après vindrent lesdictz seigneurs consulzAbrégé : cosulz, ouvriersOuvriers (de la commune clôture) : officiers chargés de la construction, de l'inspection, de
l'entretien et de la défense des murailles, la fonction, mentionnée dès 1196, n'est
pas sans prestige ; il y a un ouvrier par échelle, c'est à dire par groupe représenté
au consulat (Arch. mun. Montpellier, EE 375). et consulz de mer, acompaignez des plus
principaulx et apparansApparent :
notable, de haut rang, en vue
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 2318). , bourgeois et marchansAbrégé : marchas de ladicte ville. Et tous se assemblerent au devantAbrégé : devat du consulat a la
grosse cloche sonant. Et d’illecIllec : en ce
lieu-là
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 28378). , s’en allairent au devant et le rencontrairentAbrégé : rencotrairet a ladicte croix
et y fust tenu l’ordre dessusdictAbrégé : dessusd. Et entra par la porte de la
Saunerie et dessus le portal près Saint Saulnaire y avoit gens avecques
bombardesBombardes :
pièce d'artillerie dont on se servoit autrefois, qui étoit grosse et
courte, ayant une ouverture fort large...
(Dictionnaire universel,
La Haye ; Rotterdam, 1690 ; édition électronique Garnier [consulté en octobre
2014], 2408). , et colobrinesCouleuvrine :
pièce d'artillerie fort longue, et qui porte bien loin
(Dictionnaire universel,
La Haye ; Rotterdam, 1690 ; édition électronique Garnier [consulté en octobre
2014], 5089). , . Et dessus le
portal de la Saunarie y
fust faicte une suicte tres belle et tres honneste. On avoit ung eschaffaultEschafaut :
estrade, gradins
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014],
20106). , bien paré ou estoient les armes du roy, de la
royne et __
[Fol. 460 r°]
__dudictAbrégé : dud seigneur archeduc. Et y fut toute la muzique | et chantrerieChantrerie :
ceux qui chantent
; ceux qui nous avoyent prins nous
demanderent des parolles de chantrerie et liesse
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 8494). , . Et descendit d’une nue ung angel[a]Comprendre « un
ange ». | bien et richement abilhé, que fust le filz de
Jehan | Maurin, lequel descendit de dessus le portal,
et | vint au devant dudict Abrégé : dudseigneur archeduc. Et fust | dicte par ledictAbrégé : led angel une tres belle harengue, | en bonne facon par ledit
Maurin, a laquelle | ledit seigneur
archeduc print grand plaisir.
A l’entree de ladicte porte estoient les quatre | vertuz, c’est assavoir
force, prudence, esperanceAbrégé : esperace | et justice, que estoient abilhees bien richementAbrégé : richemet | en la facon que s’ensuyt. Et faisoit force la | filhe de done Danizete que pourtoit une gonelleGonnelle : partie
du vêtement féminin analogue à un corsage
(Dictionnaire des institutions, des
coutumes, et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à
1648, Montpellier, imprimerie Déhan, 1964, 728 p., p. 361). , | verde de taffetas, et les manches a la
sorte. | Et sus ladicte gonelleGonnelle : partie
du vêtement féminin analogue à un corsage
(Dictionnaire des institutions, des
coutumes, et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à
1648, Montpellier, imprimerie Déhan, 1964, 728 p., p. 361). , avoit une escherevisseEscherevisse :
corselet
, corsage
( Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 20217). , | de teste de lion, et avoit la
poictrine bien | gorgiasseGorgiasse : femme très
grasse., et a la teste pourtoit une garlande[b]Comprendre «
guirlande ». | de bagnes[c]Comprendre «
bague ». descoieffee de sa teste en sa diademe.
Esperance fust la niesse de sire Guichart Bastier |
que fust abilhee d’une gonelleGonnelle : partie
du vêtement féminin analogue à un corsage
(Dictionnaire des institutions, des
coutumes, et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à
1648, Montpellier, imprimerie Déhan, 1964, 728 p., p. 361). , de velous noir et | avoit
ung bas de taffetas blanc brodat de taffetas | jaune, et estoit dessus
ladicte gonelleGonnelle : partie
du vêtement féminin analogue à un corsage
(Dictionnaire des institutions, des
coutumes, et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à
1648, Montpellier, imprimerie Déhan, 1964, 728 p., p. 361). , et avoit unes | manches de la sorte de
ladicte gonelleGonnelle : partie
du vêtement féminin analogue à un corsage
(Dictionnaire des institutions, des
coutumes, et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à
1648, Montpellier, imprimerie Déhan, 1964, 728 p., p. 361). , et avoit la | poictrine bien acoutree.
Aussi avoit une garlande[d]Comprendre «
guirlande ». | de bagues en sa diademe, et pourtoit en ses mains | deux potz
d’argent et fust abilhee par Margaride __
[Fol. 460 v°]
__ de Neve et la femme de Enymon de
Combes. | Justice fust la filhe de sire Jehan du
Mas, que | pourtoit une gonelleGonnelle : partie
du vêtement féminin analogue à un corsage
(Dictionnaire des institutions, des
coutumes, et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à
1648, Montpellier, imprimerie Déhan, 1964, 728 p., p. 361). , de satin cremoysin[e]Comprendre «
cramoisi ».. Dessus | ladicte gonelleGonnelle : partie
du vêtement féminin analogue à un corsage
(Dictionnaire des institutions, des
coutumes, et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à
1648, Montpellier, imprimerie Déhan, 1964, 728 p., p. 361). , pourtoit une escherevisseEscherevisse :
corselet
, corsage
( Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 20217). , , dessus | sa poictrine et les manches
estoient a la sorte | de ladicte gonelleGonnelle : partie
du vêtement féminin analogue à un corsage
(Dictionnaire des institutions, des
coutumes, et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à
1648, Montpellier, imprimerie Déhan, 1964, 728 p., p. 361). , et estoit en cheveux
descoyffee | en une garlande[f]Comprendre «
guirlande ». de bagues en sa dyademe, et | pourtoit a la main dextre une espee,
et a l’autre | unes balances. Et fust abilhee par madame
la | presidente de la Croix et Catherine
Bouques.
Prudence fust la filhe de maistre Jehan | Vidal,
notaire, que pourtoit une gonelleGonnelle : partie
du vêtement féminin analogue à un corsage
(Dictionnaire des institutions, des
coutumes, et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à
1648, Montpellier, imprimerie Déhan, 1964, 728 p., p. 361). , de damas | gris et
dessus ladicte gonelleGonnelle : partie
du vêtement féminin analogue à un corsage
(Dictionnaire des institutions, des
coutumes, et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à
1648, Montpellier, imprimerie Déhan, 1964, 728 p., p. 361). , de taffetas pers | brodat de taffetas blanc
et les manches a | la sorte, et bien acoutree de poictrine, et la
teste | descoyffee en sa garlande[g]Comprendre «
guirlande ». de bagues et dyademe | et pourtoit ung compas en sa main. Et
le | abilherent les femmes de Nicholas et Jehan
Mazi.
Ausquelles suictes ledit seigneur print grantAbrégé : grat | plaisir, et ouye ladicte arengue s’en entra et | passa par la rue de la Saunarie tirant au | quartier de la Pierre jusques a NostreAbrégé : Nre Dame de Tables. | Despuis ledit portal jusques a ladicte eglise de | NostreAbrégé : Nre Dame, les rues estoient couvertes de toelles | et d’ung quartier et d’autre parees et tendues | de draps de Languedoc de toutes couleurs que le | faisoit beau veoir.
Ausquelles[h]En encre peu visible, comme effacé, le mot est destiné à initier un nouveau paragraphe, avorté donc.
[Fol. 461 r°]
__
Item a la porte de NostreAbrégé : Nre Dame de Tables, devers | le quartier tirant a
la plasse y avoit ung grant | eschaffaultEschafaut :
estrade, gradins
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014],
20106). , en sieges ou estoient toutes les | reliques
de saint Germain et aussi y estoient | les autres reliques tant de saint
Fermin que | autres esglises, ordre par ordre, dessus toilles | bien
arrancheesArancher, arranger :
mettre en rang (d'après Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 2867). , , et en montantAbrégé : montat les degrez de | ladicte esglise estoit monseigneurAbrégé : monsr de Magalonne | nomméAbrégé : nomé Guillaume Pelicier, abilhié en pontiffical[i] Comprendre «
en habit pontifical ». , | et lui assistoient les chanoines de l’esglise | de Maguelonne, chescung
en sa chapeChape :
manteau
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014],
8504). , de ladicte | esglise de Maguelonne, qui recueilha
ledit | seigneur en lui donnant bayser ung reliquiere | qui tenoit en
ses mains, et le print par la main | et le mena au davant l’autier[j]Comprendre «
autel ». de NostreAbrégé : Nre Dame, et | faicte son oraison, monditAbrégé : mond seigneur de MaguelonneAbrégé : Maguelone | s’en alla, et ledit seigneur s’en sortit de
ladicte | esglise, et monta a cheval davant la porte de | ladicte
esglise du quartier de sire Estienne Magni. | Et en
l’ordre dessusditAbrégé : dessusd passant pardevant la | petite
loge alla le long de l’Agulharié jusques | au cantonCanton :
coin
, quartier
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 7385). , de sire Jehan
Bouques, et s’en alla | loger a la maison de monseigneurAbrégé : monsr le recteur de la | part antique, laquelle lui avoit esté
aprestee | et fust grandement paree de toutes partz | autant que si le
roy y fust logé.
Et pour ce que le pavé despuis la
Pierre
[Fol. 461 v°]
__ jusques au consolat est mauvays pourAbrégé : por chevaucher, | il y fust mys bonne quantité d’areneArène : menu
sable
(Tresor dóu Felibrige, ou
dictionnaire provençal-français, embrassant les divers dialectes de la langue
d’oc moderne, Raphèle-lès-Arles, Marcel Petit, 1878, 2 tomes,
1148 p., p. 127). , affin
que | personne n’y print domaige et de faire ladicte | entree plus
triunphante.
Toutes les lampes de ladicte esglise estoient | alumees, et les orgues sonnoyent.
[ ]Aussi toutes les torches de la chappelle de | Nostre Dame de Tables estoient alumees.
[ ]Item les cloches de toutes les esglises de | Montpellier sonnerent tant que leditAbrégé : led seigneurAbrégé : seigner | demoura a faire son entree, et par expres | la grant cloche de ladicte esglise de Nostre | Dame de Tables.
[ ]A ladicte entree furent pourtees toutes les | bandieyresBandieyre :
bannière
(Tresor dóu Felibrige, ou
dictionnaire provençal-français, embrassant les divers dialectes de la langue
d’oc moderne, Raphèle-lès-Arles, Marcel Petit, 1878, 2 tomes,
1148 p., p. 219). , des mestiers de ladicte ville, | allant
toutes premieres ainsi que font le | jour de rogaysons[k]Comprendre «
rogations »..
Toutes les trompettes de la ville y furent | sonnant audevant dudit seigneur, abilhez | de livree et abilhemens neufz, que estoient | en nombre huyt.
[Fol. 462 r°]
__
Après que leditAbrégé : led seigneur fust arrivé a son | logis, lesdictz seigneurs consulz, ouvriersOuvriers (de la commune clôture) : officiers chargés de la construction, de l'inspection, de l'entretien et de la défense des murailles, la fonction, mentionnée dès 1196, n'est pas sans prestige ; il y a un ouvrier par échelle, c'est à dire par groupe représenté au consulat (Arch. mun. Montpellier, EE 375)., | consulz de mer et les principaulx bourgeois | de la ville, avecques messireAbrégé : mesire Francois Bosc, | licencié qui avoit la charge de faire la arrengueAbrégé : arregue | pour la ville, luy allerent faire la reverenceAbrégé : reverece | et lui fust faicte une arrengue bien petite | en beaucoup de substance. Et après vindrentAbrégé : vindret | toutes les principalles dames bourgeoisses | de ladicte ville.
[ ]Lesdictz seigneurs consulz, pour festoyer | leditAbrégé : led seigneur de toutes sortes, firent danser | le bailh de la treilheBailh de la Treilhe : danse languedocienne., qui fust tres bien | dancee et triunphanment.
[ ]Après landemain de ladicte entree, lesdictz | seigneurs consulz firent
aprester une belle | et grande collacion a la maison du consolat | ou estoit leditAbrégé : led seigneur, et s’i treuverent | toutes les plus apparentesApparent :
notable, de haut rang, en vue
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 2318). , dames et bourgoises | de ladicte ville,
ornees et parees des meilheurs | ornemens, robbes et joyaulx que
eussent, | et illecquesIllec : en ce
lieu-là
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 28378). , dans ledit consolat fust | grandement
festoyé tant de confictures, mez[l]Comprendre «
mets ». | que trompetes et autres menestriersMénestrier :
musicien
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014],
33581). , .
[Fol. 462 v°]
__
Ce soyr fust faicte une tres belle morisque | par la ville que estiont
tant les hommes que les | filhes, en trompetes, et estiont tous les
dansseurs | bien abilhez, ce que se pouvoit faire en abbitz |
nouvellement devisezDeviser :
distribuer
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014],
15678). , .
Et l’autre soir après fust faicte une autre | belle morisqueMorisque : danse
moresque
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 34948). ,
en forme de pastoureaulxPastoureau :
berger
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014],
38617) , et | pastorellesPastourelle :
bergère, que les faisoit beau veoir pour ce |
que esdictes deux morisquesMorisque : danse
moresque
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 34948). , l’on avoit choysi | les plus belles
filhes et les mieulx danssans | et danssantes, esquelles morisquesMorisque : danse
moresque
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 34948). , ledit | seigneur print grant plaisir et dansserentAbrégé : dansseret | avecques les tanbourinsAbrégé : tanbouris.
Aussi devant luy furent jouees plusieurs | farces, tant par medecins que autres enfans | de la ville et autres joyeusetez fort plaisantesAbrégé : plaisates, | le tout a l’onneur du roy nostreAbrégé : nre sire.
Année 1502 : commentaire historique
En 1502, la chronique ne retient qu’un événement, du fait de son importance de niveau international. Il s’agit du séjour à Montpellier de l’archiduc de Flandres qui s’arrête en réalité dans la ville au début de l’année 1503 (nouveau style). Philippe le Beau est le fils de Maximilien Ier de Habsbourg et de Marie de Bourgogne, il a épousé en 1496 Jeanne dite la Folle, fille d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon. Son séjour est le fait d’une halte sur le chemin du retour après un séjour en péninsule ibérique, où le couple princier a fait reconnaître ses droits à la tête de la monarchie hispanique. Le convoi s’était ébranlé de Bruxelles le 4 novembre 1501, la suite des princes représentant quelques bonnes centaines de personnes. Après avoir visité les Pays-Bas puis traversé l’ouest de la France grâce aux garanties données à Philippe par Louis XII, lequel l’avait invité à voyager en toute sécurité par voie terrestre à travers son royaume, le couple était passé en Espagne par Saint-Jean-de-Luz à la fin janvier 1502. Après un an là-bas, Philippe et sa suite repassent les Pyrénées en Roussillon et font notamment étape à Montpellier avant d’arriver le 22 mars 1503 à Lyon.
Le parcours languedocien de Philippe lors du retour d’Espagne nous est connu par un récit d’Antoine de Lalaing, un jeune noble, chambellan de la suite de l’archiduc. Il en ressort que ce n’est qu’à la fin de février que Philippe entre en Languedoc et loge le soir à Sigean, où une délégation envoyée par le roi de France l’accueille. Le Petit Thalamus indique quant à lui une entrée un mois plus tôt, le 30 janvier. Il confirme la consigne donnée par Louis XII de faire bon accueil à Philippe (f. 459 r°). Le samedi 4 mars selon Lalaing, le prince arrive à Montpellier. Antoine de Lalaing confirme l’accueil solennel de la ville et il indique que l’archiduc est resté du 4 au 9 mars, tandis que selon le Petit Thalamus on peut simplement deviner que l’archiduc a demeuré au moins deux jours puisque la fin du texte évoque seulement, le lendemain de la réception, une seconde soirée marquée par une danse ou morisque. En effet, le dimanche 5 mars 1503 (selon Lalaing), après avoir reçu des ambassadeurs de son père, Philippe se rend à la messe à Notre Dame des Tables avant d’assister l’après-midi à des spectacles, un banquet et des danses. Le lundi 6 mars, il va dans la campagne alentour. Le mardi 7 mars, il visite l’abbaye Saint-Benoît, fondée par Urbain V, et assiste le soir à une pastourelle. C’est déjà le quatrième jour de son séjour, alors que le Thalamus évoque ce spectacle au deuxième jour, semblant concentrer excessivement les événements sur deux jours. D’une manière générale, Antoine de Lalaing s’attarde beaucoup sur les modalités de la réception de l’héritier du trône de Castille dans la ville. Par exemple, le mercredi 8 mars, ce sont encore danses et banquets. Le jeudi 9 mars, enfin, Philippe quitte Montpellier pour cheminer les jours suivants vers la vallée du Rhône.
Bibliographie :
Jean-Marie Cauchies, Philippe le Beau. Le dernier duc de Bourgogne, Turnhout, Brepols, 2003, XIX-292 p.
Collection des voyages des souverains des Pays-Bas, publiée par M. Gachard, Bruxelles, F. Hayez, imprimeur de la Commission Royale de Belgique, 1876, tome 1er.
Victoriano del Cerro Bex, « Itinerario seguido por Felipe I El Hermoso en sus dos viajes a España », Chronica nova : Revista de historia moderna de la Universidad de Granada, nº 8, 1973, p. 59-80.