L’an mil cinq centz trante huict | feurent consulz, |
sire Jehan de Combes, changeur,
sire Jehan Salamon, borgeoysAbrégé : borgoys,
sire Jehan Guillemin, drappier,
Francoys Colombier, appoticquaire,
Jehan Campaignan, cottelier[a]Comprendre « coutelier ».,
Rollin Boyer, laboureur. | En ceste annee et au moys de may et | juing, pour le bien
et pacificationAbrégé : pacificaon de la chrestienté, | par l’entremise et moyen de nostre
sainct | père le pape Paul troysiesme, en la
ville | de Nice près la mer ez
confins de la Provence | apertenant
au duc de Savoye, fut faicte celle | tant noble et
celebree assamblee des troys | principaulx monarches et chefz de la chrestientéAbrégé : ienté
[Fol. 520 v°]
__dudict Abrégé : dudpape Paul, du roy Francoys et de
l’empereur | Charles cinquiesme, estant venu chescungAbrégé : chung d’eulx | avec le plus hault, grand et illuystre apareilh |
et magnifficque court qu’on eust jamays veu, | et lieu de plusieurs
princes et grandz seigneurs | de France, Allemaigne,
Itallie et Espaigne en | infini nombre de peuple des
voysins provinces | illecIllec : en ce
lieu-là
(Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 28378). ,
affluant pour voyr ceste belle assamblee, | de laquelle la fin feust une
trefve de dix | ans arresté entre ses deux grandz princes, | le roy et
l’empereur. Appres ladicteAbrégé : lad assamblee, | le roy s’en vint avec sa court en Ayguesmortes, | auquel lieu l’empereur
s’en retornant par | mer en Espaigne aborda le quinziesmeAbrégé : quinzie de | juillet audictAbrégé : aud an, et appres avoir esté viziter | par le
roy en sa gallere, print terre et s’en vint | a
la ville ou demeura troys
jours avec | le roy et la royne sa
seur avec toute | allegretté, et puys prind sa rotte[b]Comprendre «
route ». et | le roy s’en retorna en France.
Année 1538 : commentaire historique
Poursuivant sa narration des événements diplomatiques du règne de François Ier, la chronique évoque ici les pourparlers de Nice, où se trouvèrent le roi de France et l’empereur Charles Quint, lesquels ne se rencontrèrent pas mais discutèrent par l’entremise du pape Paul III Farnese. Les pourparlers eurent lieu au pied du château de Nice, que le duc de Savoie – Charles III – ne voulut pas ouvrir, par crainte de perdre sa dernière place forte. François Ier y obtint une trêve de dix ans, comme l’indique la chronique, et la reconnaissance de l’occupation de la Bresse, du Bugey et d’une partie du Piémont.
La trêve conclue, une rencontre personnelle fut organisée à Aigues-Mortes les 14 et 15 juillet 1538. L’empereur, sur le chemin de l’Espagne, y arriva avec une flotte d’une cinquantaine de bâtiments. Depuis Avignon, le roi se rendit à Aigues-Mortes pour y coucher le 14, avec son épouse Éléonore, sœur de l’empereur. Le lundi 15 juillet 1538 eut lieu une entrevue mémorable, dont tous les gestes furent consignés par les chroniques, reprises par l’Histoire générale de Languedoc rédigée au XVIIIe siècle. Charles Quint repartit le 16 et François Ier le 17.
Bibliographie :
Jean Jacquart, François Ier, Paris, Fayard, 1981.p. 243.
Claude Devic et Joseph Vaissète, Histoire générale de Languedoc, Toulouse, Privat ; Paris, Claude Tchou, 2003-2005.tome XI, p. 258-260.