L’an mil cinq cens quarante | troys feurent consulz, |
sire Francoys Rotgier, changeur,
sire Nicholas Lebel, merchant cedierCédier, sédier : Marchand
de soie ou de soierie (Tresor dóu Felibrige, ou
dictionnaire provençal-français, embrassant les divers dialectes de la langue
d’oc moderne, Raphèle-lès-Arles, Marcel Petit, 1878, 2 tomes,
1148 p., p. 866). , ,
Jehan Doct, pevrier[a]Comprendre « poivrier ».,
Jehan Moynier, canabassierCanabassier :
tisserand de toiles de chanvre et d'articles de lingerie, serviettes, nappes, sacs
(Dictionnaire des institutions, des
coutumes, et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à
1648, Montpellier, imprimerie Déhan, 1964, 728 p., p. 120). , ,
[Fol. 522 v°]
__
Anthoine Amoraix, coyratierCouratier : courtier,
celui qui sert d'intermédiaire pour vendre ou acheter, revendeur (Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 12337). , ,
Jehan Fay, laboreur. | Du comencement de ceste annee la peste qui | avoict comancé
pulluler l’annee precedante | despuys le camp de Perpinhan s’enflama | tellement qu’il
fallut s’en fuyr et | abandonner la ville ceulx qui comodité | avoyent
de ce fere, et dura ceste mortallité | fort grande et mortelle presque
l’espace de | deux ans, mesmes pour la meschanceté | d’aulcungz
demeurés en la ville qui la semoyent | et jectoyent les emplaustres[b]Comprendre «
emplâtres ». des pestifferés | ca et la. De quoy faicte descouverte
feurent | constrainctz finablement les gens de bien et | principaulx
de la ville, de la justice et aultres | ce azarder et remectre dedans
pour y prouvoir[c] Comprendre «
pourvoir ». . | Dont de ses semeurs de peste en feurent | plusieurs executés
a mort et punys diversement | mesmes par messieurs de la court dez
aydes | y procedant soverainement par mandement et | commission du
roy et du seigneur de Montpesat, | marechalAbrégé : maral de France et lieuctenantAbrégé : lieucten general[d]Il s’agit
d’Antoine de Lettes-Desprez de Montpezat. pour le | roy en Languedoc, pour evicter toutes | appellationsAbrégé : appellaons et circuict de proces et pour | conservationAbrégé : conservaon de ladicteAbrégé : lad ville. L’automne dudictAbrégé : dud an | feust par le roy dressé une armee en
Provence
[Fol. 523 r°]
__ soubz la charge de monsieur d’Anglien, prince du sang[e]il s’agit de
François de Bourbon-Condé (1519-1546).
. | de la mayson de Vandosme et de Borbon, et avec l’ayde | d’une armee
de mer turqueses[f] Comprendre «
turque », c’est-à-dire – en l’occurrence – ottomane. , conduicte par ung | grand bascha nomméAbrégé : nomé Barberosse, le siege mis devant | la ville de
Nice aparti au prince de
Puechmont | finablement prinse d’assault et apres |
abandonnee pour la forteresse du chasteauAbrégé : chau inprenable. | Au moys de febvrier, sur la fin de ladicteAbrégé : lad annee | prinse a l’IncarnationAbrégé : Incarnation, nasquict a monseigneur | Henry, daulphin de
France, son fils aisné nomméAbrégé : nomm | Francoys, dont feust faicte par tout grand | rejouyssanceAbrégé : rejouyssan .
Année 1543 : commentaire historique
L’année 1543 commence là où la précédente finit : la peste apportée par les troupes royales continue de sévir dans Montpellier ; le Thalamus montre plus particulièrement ici l’inégalité sociale face à l’épidémie : autant les riches peuvent partir pour ne revenir qu’une fois la maladie passée, autant la grande partie de la population doit la subir. La peur des semeurs de peste est un thème récurrent en période d’épidémies et l’action de la justice d’exception qui sévit dans la ville est un moyen d’endiguer la panique et de faire revenir l’ordre dans la ville. Le Thalamus évoque également le siège de Nice par les troupes du roi de France menée par le comte d’Enghien avec l’aide de la flotte ottomane hivernant à Toulon et dirigée par Khayr ad-Din Barberousse, suite aux alliances passées entre François Ier et Soliman le magnifique à partir de 1536. Si la ville est prise, le château résiste jusqu’à l’arrivée des renforts conduit par Charles II de Savoie.
Bibliographie :
Frédérique Audoin-Rouzeau, Les chemins de la peste : le rat, la puce et l’homme, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003.
Jean-Louis Belachemi, Nous, les frères Barberousse, corsaires et rois d’Alger, Paris, Fayard, 1984.