L’an mil cinq cens quarante | sept feurent consulz, |
monsieur Abrégé : monsrmessireAbrégé : meGuillaumeAbrégé : Guille de Boirargues, maistreAbrégé : me en la | chambre dez comptez,
sire GuillaumeAbrégé : Guie Hebrard, merchant cedierCédier, sédier : Marchand
de soie ou de soierie (Tresor dóu Felibrige, ou
dictionnaire provençal-français, embrassant les divers dialectes de la langue
d’oc moderne, Raphèle-lès-Arles, Marcel Petit, 1878, 2 tomes,
1148 p., p. 866). , ,
sire Jehan Maigne,
sire Jehan Patris,
[Fol. 525 r°]
__
Anthoine Polaillon,
MaistreAbrégé : Me Pierre Pascal, fustierFustier : charpentier,
menuisier (Dictionnaire de l’ancienne
langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, Paris, Honoré Champion, 1881-1902 ;
édition électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 42739). , .
Mays ledict Abrégé : ledmessireAbrégé : meGuillaumeAbrégé : Guille de Boirargues ne voleust accepter | la charge a raisonAbrégé : raon de son office, dont pour ladicteAbrégé : lad | annee vacca la place dudict Abrégé : dudpremierAbrégé : pmier consul et le | second la tint. A la fin du moys de mars dudictAbrégé : dud | an, au chasteauAbrégé : chau de Ramboilhet près Paris trespassa | de ce
monde ce magnanyme magnifficque et | tres chretien Abrégé : retienroy Francoys, premierAbrégé : pmier de ce nom, dict | le grand restaurateur dez bonnes lectresAbrégé : lres et père | norrissier des gens de scavoir, auquel succeda |
en la couronne monseigneur Henry, daulphin, dict |
second de ce nom. Au mois de may ensuyvant | et sixiemeAbrégé : sixme jour d’ icelluyAbrégé : icell feurent faictes les funerailhes | duictAbrégé : duroy Francoys a MontpellierAbrégé : Montpellr en l’esglise cathedralle | Sainct
Pierre, le cueur tendu de vellours | noir, chappelle
ardant et grand luminaire de | torches par toute l’esglise avec les
armoyries | de France et plusieurs de la ville plus bas entremy |
acistans au service, auquel feurent celebrees | troys grandz messes, en
hault messieurs de la | court dez aydez, officiers du gouvernement, les
| consulz et grand nombre de peuple. LadicteAbrégé : Lad annee | monseigneur de Montmorency, connestable
[Fol. 525 v°]
__ de France, rentra en son gouvernement de
Languedoc | et y feust envoyé pour lieuctenantAbrégé : lieuctent du roy monseigneurAbrégé : monsr | le comte de Villars, messire Honorat de Savoye,
| pour les estatz que feurent a Carcassonne au | mois d’octobre audictAbrégé : aud an.
Année 1547 : commentaire historique
Fidèle à sa structure narrative, le Thalamus s’inscrit dans deux registres d’historicité : l’un concerne le consulat, l’autre le premier la royauté. Le premier événement est la démission du premier consul, siégeant également à la chambre des comptes. Guillaume Boyrargues est un homme de la ville : lui-même ou plus probablement son père, avait été consul en 1523. Sa démission en 1547 s’explique par une certaine conception du pouvoir consulaire, qui ne doit pas être confondu avec une charge royale. Cette démission est intéressante, car elle montre ainsi une certaine sensibilité à la séparation des pouvoirs. Elle ne dure pas En 1564, le premier consul, « messire Pierre Convers » est aussi maître en la chambre des comptes ». D’une certaine façon, pouvoir royal et municipal s’excluent mutuellement d’abord, cohabitent ensuite dans les mêmes hommes, avant que le premier s’impose au second.
Le second événement est la mort du Roi François Ier le 31 mars à Rambouillet et ses funérailles célébrées dans Montpellier le 6 juin, ce qui constitue une occasion supplémentaire pour la ville de participer à la vie de la royauté et de montrer son attachement à la personne royale. La chronique mentionne également le successeur de François Ier, Henri II, qui règne de 1547 à 1559. L’année 1547 constitue également un tournant : avec le nouveau, c’est une autre politique à l’égard des réformés (création de la « chambre ardente », le 8 octobre) et d’autres fidèles qui sont nommés à la tête des provinces. Anne de Montmorency est ainsi nommé gouverneur du Languedoc. À son tour, il nomme des proches : le maréchal de Villars devient ainsi lieutenant général. Cette nouvelle génération détient le pouvoir militaire au même moment où les tensions entre réformés et catholiques s’accentuent et que le concile de Trente (1545-1563) donne le coup d’envoi de la contre-réforme. La chronique parle des états tenus à Carcassonne (17-27 octobre 1547), au réfectoire du couvent des Frères-Précheurs, mais pas de ceux tenus à Montpellier même, à la Loge, les 16 et 17 février 1548 (1547 ancien style).
Bibliographie :
Jean Jacquart, François Ier, Paris, Fayard, 1981.