L’an M Vc LIIII feurent
consulz, |
noble Jehan de La Vrille, borgeois,
sire Domergue Baron, borgeois,
sire Seve Patris, merchant,
[Fol. 529 v°]
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sire Mathieu Imbert,
Pierre Poche, sabatier[a]Comprendre « savetier ».,
Estienne Arnovieille.
Durant le consollat desquelz rien ne advint et n’y | survint, sinon qu’une femmeAbrégé : fem du peuple enfanta | ung masle et trois filles d’une ventree qui | vesquirent quelques heures.
Année 1554 : commentaire historique
Le scripteur de la chronique ne retint de cette année 1554 que la survenue d’un événement jugé exceptionnel : la naissance de quadruplés, un garçon et trois filles, qui ne survécurent que quelques heures. Car c’est bien le caractère extraordinaire du fait qui justifia qu’il fût noté, comme un prodige de la nature, un signe restant à interpréter, ce que le scripteur se garde de faire. Cette mention rappelle celle du folio 421 r°, où est porté pour l’année 1499 un « record de causa miraculoza », en l’occurrence la naissance de « quatre enfans mascles d’una ventrada », qui furent baptisés mais « dont le plus vielh non passans quinze ans ».
De fait, les naissances multiples, surtout au-delà de trois, apparaissent comme de curieux événements de la nature, de ceux qui rapprochent l’être humain de la bête, dont les portées peuvent être nombreuses. En outre, les difficultés de tels accouchements dans la France du XVIe siècle expliquent le très fort taux de mortalité infantile des jumeaux, a fortiori des quadruplés.
Bibliographie :
Jacques Gélis, L’arbre et le fruit. La naissance dans l’occident moderne XVIe-XIXe siècle, Paris, Fayard, 1984.p. 371-377.