En l’annee M V[c]
LVII furent
consulz les | seigneurs que s’ensuivent, |
noble Jacques de Sarret seigneurAbrégé : seigr de SainctAbrégé : St Jehan de | Vedas,
sireAbrégé : se Francoys de Meaulx,
sireAbrégé : se Jehan Dorleans le jeune,
sireAbrégé : se Sauvaire Delom,
sireAbrégé : se Guiraud Gache,
sireAbrégé : seAnthoineAbrégé : Antho Chalard, leur greffierAbrégé : gffier du consulat, | [a]en retrait à
droite, en forme de signature :Boschonis.
LeditAbrégé : Led jour,
[Fol. 513 r°]
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En l’annee mil cinq cens cinquante sept et le | vint cinq decembre, jour
et feste de noel la[b] ajout encre
différente | Nativité de nostreAbrégé : nre seigneur JhesucristAbrégé : Jheucrist, nobles et honnorables | personnes Jacques de Seret,
seigneur de Sainct Jehan | de Vedas, Francois de
Meaulx, Jehan Dorleans, | Saulvaire Dellom, Guiraud Gaiche
et Anthoine Challard, | consulz de la ville de
Montpellier, repesentans la | communaultéAbrégé : ꝯmunaulté et université de laditeAbrégé : lad ville par desposition | royalle et suyvant les anciennes
coustumes privilleges | et libertés d’icelle pour le debvoir de leurAbrégé : ler charge, | en obeyssant aux sainctz commandementzAbrégé : ꝯmandemtz de l’esglise | chrestienneAbrégé : tienne se seroientAbrégé : oient transportés a l’esglise cathedralle | Sainct Pierre de laditeAbrégé : lad ville aux fins de ouyr vespres | et le presche acoustumé faict Abrégé : fctledictAbrégé : led jour de Noel chascuneAbrégé : chune | annee ainsi que les predecesseurs Abrégé : predecessrsconsulzAbrégé : ꝯsulz, mesmes | de l’annee passee et aultres, avoient faict a laditeAbrégé : lad | esglise et cheres que sont au cueurAbrégé : cue d’icelle, esquelles | esglise et cheres avant la translaction
de Maguelonne | et de Sainct Germain lhors qu’estoient soubz
le tiltre | seul dudit Abrégé : dudsainct Germain, lesdits Abrégé : lesdconsulzAbrégé : ꝯsulz et aultres officiers | du consolat comme Abrégé : ꝯmeouvriersOuvriers (de la commune clôture) : officiers chargés de la construction, de l'inspection, de
l'entretien et de la défense des murailles, la fonction, mentionnée dès 1196, n'est
pas sans prestige ; il y a un ouvrier par échelle, c'est à dire par groupe représenté
au consulat (Arch. mun. Montpellier, EE 375)., consulsAbrégé : ꝯsuls de mer et greffiers | desdits Abrégé : desdseigneurs Abrégé : srs avoient ès jour et festes ordonnees le | lieu, place et cheres
du cartier gauche de laditeAbrégé : lad esglise | jusques a leurAbrégé : le nombre, sans contradictionAbrégé : ꝯtradiction ne reffus de | pesonne et despuis laditeAbrégé : lad translation aussi lesditsAbrégé : lesd consulz | ont heu et sont en possession et saisine de se
trouver | et assister leditAbrégé : led jour et aultres jours sollempnes, de commanderAbrégé : ꝯmander de l’esglise non seullementAbrégé : seullemet a ladite Abrégé : ladesglise | Sainct
Pierre mais aussi à toutes les aultres esglises et |
convens de laditeAbrégé : lad ville, laquelle bonne et louable coustume, | liberté et droict
ilz voulloyent garder et observer et continuerAbrégé : ꝯtinuerleurditeAbrégé : leurd possession. Ce toutesfoys nonobstant | apres ce que ausditesAbrégé : ausd chieres lesditsAbrégé : lesd consulz avec leurs | ouvriersOuvriers (de la commune clôture) : officiers chargés de la construction, de l'inspection, de
l'entretien et de la défense des murailles, la fonction, mentionnée dès 1196, n'est
pas sans prestige ; il y a un ouvrier par échelle, c'est à dire par groupe représenté
au consulat (Arch. mun. Montpellier, EE 375)., consulzAbrégé : ꝯsulz de mer et greffiers et sont transportés | a laditeAbrégé : lad esglise, antrés dans le cueurAbrégé : cuer d’icelle et vollant[c] Comprendre «
voulant ».
[Fol. 513 v°]
__ prandre cheres pour lesditsAbrégé : lesd consulz, ouvriersOuvriers (de la commune clôture) : officiers chargés de la construction, de l'inspection, de
l'entretien et de la défense des murailles, la fonction, mentionnée dès 1196, n'est
pas sans prestige ; il y a un ouvrier par échelle, c'est à dire par groupe représenté
au consulat (Arch. mun. Montpellier, EE 375). et consulzAbrégé : ꝯsulz de | mer, comme estans et faisant tout ung corps que ne se |
peuct separer sans preiudicier a leursditsAbrégé : leursd privilleges, coustumes et | actes possessoires, aulcungs ayant
prevenu et prins partie | desditesAbrégé : desd cheres tellementAbrégé : tellemet que voyant lesditsAbrégé : lesd consulz que partieAbrégé : ptie | desdits Abrégé : desdouvriersOuvriers (de la commune clôture) : officiers chargés de la construction, de l'inspection, de
l'entretien et de la défense des murailles, la fonction, mentionnée dès 1196, n'est
pas sans prestige ; il y a un ouvrier par échelle, c'est à dire par groupe représenté
au consulat (Arch. mun. Montpellier, EE 375). ou bien desditsAbrégé : desd consulz de mer et leurs greffiers | ne pouvoyent avoir le complimentAbrégé : ꝯplimet des cheres ainsi qu’ilz avoyent | acoustumé advant et apres laditeAbrégé : lad translation faicte du consentementAbrégé : ꝯsentemt | desditsAbrégé : desd consulz et et communaultéAbrégé : ꝯmunaulté et de leur conseilAbrégé : le ꝯseil, pretendent de | demeurer en leurs premiers droictz et actes
possessoires et | aultrement Abrégé : aultremetladiteAbrégé : lad translation ne se fusse accomplie commeAbrégé : ꝯme | a esté faict, ne se vollant separer ne aultrement Abrégé : aultremtfereAbrégé : fe bruict | et tumulte pour ne contrarier a leurs droictz,
privilleges | et libertés, auroient cependant iceulx consulz envoyé |
deux de leurs escuyers et serviteursAbrégé : sviteurs a monsieurAbrégé : mr Jehan de | Brignac, chanoyne et scindic de laditeAbrégé : lad esglise, qui auroit | respondu en premier a Anthoine
Tremollieres, leurAbrégé : le premier | serviteurAbrégé : servit envoyé, que s’ilz se volloient asseoir que apportassent | de
bancz et a Jehan Bruguier, second serviteurAbrégé : svitr envoyé audit | scindic pour leur fereAbrégé : le fe donner lieu et place et les cheres | acoustumees, leditAbrégé : led scindic auroict respondu qu’ilz avoient | plus affaire de
medecins que estoient cesditesAbrégé : csd cheres et | leurdict lieu et place que desditsAbrégé : desd consulz ainsi que en | plain cueurAbrégé : cue de laditeAbrégé : lad esglise, et voyant les personalzPersonat : titulaire
d'un personat, sorte de bénéfice ecclésiastique (Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 39421). , et chanoynes | de laditeAbrégé : lad esglise et tout le peuple lesdits Abrégé : lesdTremollieres et | Bruguier ont rapporté ausdits seigneursAbrégé : ausd srs consulz, et ne vollans | iceulx consulz user de voye de faict
pour jouir de leursditsAbrégé : leursd | possession et saisine ains pour evicter tout desordre, |
veue laditeAbrégé : lad response et pourAbrégé : po ne contrarier a leurs droictz | preheminances, prérogatives et
actes possessoires, n’ont | vollu iceulx consulz et ouvriersOuvriers (de la commune clôture) : officiers chargés de la construction, de l'inspection, de
l'entretien et de la défense des murailles, la fonction, mentionnée dès 1196, n'est
pas sans prestige ; il y a un ouvrier par échelle, c'est à dire par groupe représenté
au consulat (Arch. mun. Montpellier, EE 375).
delaisser iceulx consulzAbrégé : ꝯsulz | de mer, greffiers et aultres officiers dudit Abrégé : dudconsolatAbrégé : ꝯsolat tous | droictz sans les cheres et lieux acoustumés ains
actendu | pour ouyr le presche et office divin, leditAbrégé : led reffus que leurAbrégé : le | a esté faict, presentsAbrégé : pns et voyans tous les personatzPersonat : titulaire
d'un personat, sorte de bénéfice ecclésiastique (Dictionnaire de la langue
française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition
électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 39421). , et | chanoynes de laditeAbrégé : lad esglise, iceulx consulz se seroientAbrégé : soient | retirés et sortis hors dudit Abrégé : dudcueurAbrégé : cue et esglise et a ce | moien contrainctz d’aller sollempniser la
feste ès aultres | esglises de laditeAbrégé : lad ville ou ilz ont trouvé lieu et place | sans contradictionAbrégé : ꝯtradiction de personne Abrégé : psonnecommeAbrégé : ꝯme ilz avoient advant | laditeAbrégé : lad translation et sollempnisationAbrégé : sollempnisaon[d]Les derniers mots
du paragraphe sont dans une autre encre, plus claire et
mesmement a l’esglise | parrochielle de
Sainct Firmin.
[Fol. 513bis r°]
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[e]Erreur de foliotation Et pour ce que pendant leditAbrégé : led discours et controverse | partie des escuyers et serviteurs Abrégé : sviteursdesdits Abrégé : desdseigneursAbrégé : rs consulz, et mesmementAbrégé : mesmemet | Aubert Matellin et Jehan Vernier qui portoient les masses d’argentAbrégé : arget | au devant desditsAbrégé : desd seigneurs consulz et Jaques Chauchat qui | portoit la masse desdits Abrégé : desdouvriersOuvriers (de la commune clôture) : officiers chargés de la construction, de l'inspection, de l'entretien et de la défense des murailles, la fonction, mentionnée dès 1196, n'est pas sans prestige ; il y a un ouvrier par échelle, c'est à dire par groupe représenté au consulat (Arch. mun. Montpellier, EE 375). en allant ainsi qu’est de coustume | et sont absentés advant que actendre que leditsAbrégé : led consulz, ouvriersOuvriers (de la commune clôture) : officiers chargés de la construction, de l'inspection, de l'entretien et de la défense des murailles, la fonction, mentionnée dès 1196, n'est pas sans prestige ; il y a un ouvrier par échelle, c'est à dire par groupe représenté au consulat (Arch. mun. Montpellier, EE 375). | et consulz de mer fussent receuz et assis esditesAbrégé : esd cheres, et que | en despartant et sortant de laditeAbrégé : lad esglise lesdits Abrégé : lesdseigneurs Abrégé : srsconsulzAbrégé : ꝯsulz | et ouvriersOuvriers (de la commune clôture) : officiers chargés de la construction, de l'inspection, de l'entretien et de la défense des murailles, la fonction, mentionnée dès 1196, n'est pas sans prestige ; il y a un ouvrier par échelle, c'est à dire par groupe représenté au consulat (Arch. mun. Montpellier, EE 375). se sont trouvez sans leursdits Abrégé : leursdserviteursAbrégé : sviters portans | leursAbrégé : lers masses, pour laditeAbrégé : lad faulte iceulx consulz ont | condampné Abrégé : ꝯdampnélesditsAbrégé : lesd deux serviteursAbrégé : sviters portant lesditesAbrégé : lesd masses desditsAbrégé : desd seigneursAbrégé : srs consulzAbrégé : ꝯsulz[f] renvoi en fin de page, et | aussi GuilhaumeAbrégé : Guilh Carriere λ[g]signe de renvoi, sans texte associé pour qu’il ne | c’est trouvé a leur fere companie, en la somme de dix solz tournoisAbrégé : tourn chescung, | leurAbrégé : le faisant deffence de n’y plus retorner, a la peyne | d’estre privés de leurs gages d’ung moys, ordonnant | que laditeAbrégé : lad procedure pourAbrégé : po perpetuelle memoyre soit escripte | et registréAbrégé : regis en ce presentAbrégé : pnt livre appellé le petit talamus | du consolat de laditeAbrégé : lad ville, par moy notaire royal et greffier | desdits Abrégé : desdseigneursAbrégé : srs consulz, ville et communaultéAbrégé : ꝯmunaulté et que j’ay faict | par leur Abrégé : lecommandementAbrégé : ꝯmandemet,
[h]en retrait, à droite, en forme de signatureBoschonis
[Fol. bis v°]
__
AuditAbrégé : Aud an 1557, apres que les treves furent par | l’ampereur et le roy d’Angleterre son filz rompues, | les Anglois mirent leur camp au devant de Saint | Quintin, et pour l’avitaller monseigneurAbrégé : monseigr le connestable | avec Xm[i]Comprendre « dix mille ». homes non obstant leditAbrégé : led camp et armee des | Anglois mist gens et vivres dedans, et s’en retournantAbrégé : retournat | ayant cheminé environ deux ou iii[j]Comprendre « 3 ». lieues fust suivy | et assalli de tous coustés de plus grand nombre | d’ennemys qu’il n’estoit, apres avoir faict grand | deffance et resistance fust prins prisonnier et | plusieurs aultres et monseigneur d’Anguien avec | beaucoup d’aultres mors à la bataille, et ce fust | faict le jourAbrégé : jo Sainct Laurans au moys d’aoust, et | huit ou dix jours apres laditeAbrégé : lad ville de Sainct Quintin | fust prinse par lesditsAbrégé : lesd ennemys.
[ ]LeditAbrégé : Led an aussi fust prinse Tionville par monseigneurAbrégé : mosr | de Guise avec son armee.
[Fol. 514 r°]
__
LeditAbrégé : Led an M Vc LVII, la ville de Calays que les Angloys avoient | tenue depuis l’an mil IIIC LX, que le roy Jehan[k]Jean II, roi de France ayant demeuré | quatre ans prisonier en Angleterre pourAbrégé : po sortir leur laissa laditeAbrégé : lad | ville de Calays ainsi que appert au presentAbrégé : pnt livre folioAbrégé : f cii torne, a esté | prinse par les Francoys.
Et le vingtiesme janvier ouditAbrégé : oud an, le roy a escript a monsieurAbrégé : monsr | de Joyeuse, lieutenent pour Abrégé : poledit Abrégé : ledseigneurAbrégé : seignr en Languedoc, et ledit Abrégé : ledseigneurAbrégé : sr | lieutenent aulx consulz de Montpellier Abrégé : MotpellierladiteAbrégé : lad anné, pourAbrégé : po randre | graces a Dieu de l’heureuse et profitableAbrégé : pfitable prinse tant auditAbrégé : aud | seigneur que a ses subietz de laditeAbrégé : lad ville de Calays, de | laquelle a presentAbrégé : pnt la porte et l’entree est fermee a ses | antiens ennemys les Anglois, et fere prieres, oreisons, | et processions generallesAbrégé : gnalles randant graces et demonstrances | de joye au benoit Dieu, nostreAbrégé : nre createur et redempteur, que | tant nous a favoris de nous fere recouvrer en bien peu | de jours icelle ville qui par si long temps avoit esté | distraicte de l’obéissance de la coronne de France, et | a ce que luy [l]le mot suivant est rajouté par-dessusplaise metre paix et amytié entre les princes.
|LeditAbrégé : Led an et le xxxe duditAbrégé : dud mois de janvier, suivant les commandementsAbrégé : ꝯmands | dudit Abrégé : dudseigneurAbrégé : seigr, la procession generalleAbrégé : gnalle a esté faicte a laditeAbrégé : lad ville | partant de l’eglise cathedralle Sainct Pierre avec l’ordre | que s’ensuit et aussi le preche aussi qu’este accoustumé dict.
Premierement, avec bonne devotion et reverance les jeunes | enfans, premiers chantant et disant oreysons teste nue et | de deux en deux.
Les quatre convens mendians chascunAbrégé : chun en leur ordre apres.
Les esglises collegialles et parrochielles[m] Comprendre « paroissiales ». aussi chascunAbrégé : chun | en son ordre antien et accoustumé.
Les auboys et escuyers du consulat au devant du pavilhonPavillon : sorte de dais. | et avec les entorches allumees.
Les chanoines et personnatzPersonat : titulaire d'un personat, sorte de bénéfice ecclésiastique (Dictionnaire de la langue française du seizième siècle, Paris, Honoré Champion, 1925 ; édition électronique Garnier [consulté en octobre 2014], 39421). , de l’esglise cathedralle | Sainct Pierre [n]les deux mots suivants rajoutés d’une encre différenteapres suivant.
[Fol. 514 v°]
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Et consequemment messieurs les consulzAbrégé : ꝯsulz | et leur pavilhonPavillon : sorte de dais. avec messieursAbrégé : messrs les obriersOuvriers (de la commune clôture) : officiers chargés de la construction, de l'inspection, de l'entretien et de la défense des murailles, la fonction, mentionnée dès 1196, n'est pas sans prestige ; il y a un ouvrier par échelle, c'est à dire par groupe représenté au consulat (Arch. mun. Montpellier, EE 375)..
Apres ledit Abrégé : ledpavilhonPavillon : sorte de dais. venoit la | court de messieursAbrégé : messrs les generaulxAbrégé : gnraulx avec | leurs robes rouges et leur suyte.
Et suivoit laditeAbrégé : lad court ung nombreAbrégé : nobre | de homes de laditeAbrégé : lad ville.
Et en corps apres venoit monseigneurAbrégé : monsr | le gouverneur, le presidant et | conseillers du siege presidial avec | la suitte des advocatz duditAbrégé : dud siege | en bon ordre.
Les borgeois, marchans et | aultres habitans venoient apres | par ordre.
Et les fammes borgeoises | marchandes et aultres de laditeAbrégé : lad | ville venoient en bon ordre apres | lesditsAbrégé : lesd hommes, et le tout aulx fins | que dessus obeissant audit Abrégé : audseigneurAbrégé : seir et a ses | commandementAbrégé : ꝯmandement.
[ ][o]les deux lignes suivantes en retrait à droitePar commandementAbrégé : commandt de | de mesditsAbrégé : mesdsieursAbrégé : srs les consulzAbrégé : ꝯsulz,
[p] en retrait à droite, en forme de signatureBoschonis
[Fol. 515 r°]
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Année 1557 : commentaire historique
Comme d’autres années de la décennie 1550, l’année 1557 fait l’objet d’une double rédaction, l’une réalisée par le greffier Boschonis, l’autre par le scripteur des années 1534-1574. La première fait la part belle à un conflit de préséance survenu à Montpellier à la Noël 1557, l’autre n’évoque que le retour de Calais au royaume de France. Ce contraste ponctuel caractérise bien ces deux manières de concevoir la chronique française du Petit Thalamus.
Le conflit de préséance se produisit lorsque les consuls de Montpellier, accompagnés des ouvriers, des consuls de mer et des greffiers, allèrent ouïr le service des vêpres et le prêche de Noël à la cathédrale Saint Pierre. Arrivés à l’église, ils découvrirent que leurs places, situées dans le « cartier gauche » de la nef, étaient déjà occupées, probablement par les professeurs de l’université de médecine. Ils auraient semble-t-il pu s’asseoir, mais en se séparant, ce que les consuls ont formellement refusé. La chronique devient alors le lieu de consignation des arguments fondant le droit du consulat.
Le premier argument, énoncé dès le début du texte, invoque la légitimité des officiers de la communauté, comme
. À cet égard, toute manifestation publique du corps social urbain doit assurer la première place à sa tête, le consulat. En conséquence, les consuls ne pouvaient accepter d’être séparés des autres officiers de la communauté, sous peine d’attenter à l’intégrité du corps politique de la cité. La chronique rappelle ensuite l’ancienneté de l’usage – fondateur de légitimité dans cette société-là – puisque, à l’en croire, les consuls y disposaient de leurs places dès avant la translation de l’évêché à Montpellier. Les consuls protestèrent même de ce que le consulat n’aurait pas accepté la translation de l’évêché à Montpellier s’ils avaient su devoir y perdre cette première place.Le Petit Thalamus poursuit le récit de la scène en expliquant que les consuls envoyèrent deux écuyers au syndic de l’église pour obtenir gain de cause, que ce dernier aurait répondu qu’il suffisait qu’ils
, pour faire asseoir les consuls de mer, greffiers et autres officiers jusques là contraints de rester debout. Les chanoines ne voulant pas céder et les consuls souhaitant éviter , le corps de ville se retira pour aller ouïr la messe dans une autre église la cité, l’église de Saint-Firmin.Cependant, incident dans l’incident, les écuyers porteurs des
qui accompagnaient les consuls ayant abandonné ces derniers au cours de la dispute furent condamnés à l’amende. De fait, c’est sans doute davantage cette sanction dont il fallait garder mémoire que de l’incident peu glorieux survenu au sujet de bancs (voir aussi l’année 1604).La seconde rédaction de l’année 1557 évoque en revanche un événement d’un retentissement général : la bataille de Saint-Quentin (1557). Boschonis, le premier des deux rédacteurs, avait déjà signalé la reprise des hostilités entre Henri II et ses voisins, désignés comme
, c’est-à-dire, respectivement, Charles Quint et Philippe II, alors époux de Marie Tudor, reine d’Angleterre (à cette date, l’Empire avait toutefois déjà été cédé par Charles Quint à son frère Ferdinand). En effet, la trêve de Vaucelles, signée en février 1556, était rompue par Philippe II qui, ayant obtenu des moyens financiers et militaires de son épouse, fit marcher sur les places du nord du royaume de France ses troupes commandées par le duc Emmanuel-Philibert de Savoie. Celle de Saint-Quentin fut bientôt assiégée, au début du mois d’août 1557. Quelques renforts menés par Coligny purent pénétrer dans la ville tandis que le gros de l’armée – dix mille hommes dit la chronique, beaucoup plus en réalité –, commandée par le connétable de Montmorency, arrivait à marche forcée. Mais par des manœuvres mal pensées, le connétable et son armée se retrouvèrent – en bien mauvaise posture – assaillis par les Espagnols le 10 août 1557. La bataille fut terrible, les pertes française considérables. Montmorency fut fait prisonnier dans la mêlée et Jean de Bourbon, comte d’Enghien – le de la chronique –, fut tué. La ville de Saint-Quentin, désormais privée de secours et assiégée par une forte armée, fut prise d’assaut le 27 août – et non comme le dit la chronique – et Coligny fait prisonnier à son tour.Le scripteur mentionne aussi, avec moins d’emphase, le sursaut français que constitua la prise de Thionville, réalisée par le duc François de Guise, à l’issue d’un siège qui s’acheva le 23 juin 1558. Il s’agit là manifestement d’une entorse à la structure annuelle du récit. Il évoque enfin, comme Boschonis, le retour de Calais au royaume. Tous deux rappellent que les Anglais tenaient cette ville, Boschonis citant la date du traité de Brétigny et de la libération de Jean II le Bon, après quatre ans de captivité (1360), le second scripteur notant la date du début de l’occupation anglaise, acquise sur le roi Philippe VI (1347). Par un jeu de rédaction qui consiste à effectuer des allers-retours entre le local et le royaume, le greffier Boschonis revient à Montpellier pour évoquer la célébration de la reprise de Calais qui y fut faite. Demandée par le roi au vicomte de Joyeuse, le lieutenant général en Languedoc en avait requis les consuls de la cité. C’est ainsi qu’une procession fut organisée le 30 janvier 1558 (1557 ancien style), dont le bref récit consiste à donner l’ordre de préséance des corps.
Aucun des deux scripteurs n’a jugé utile de noter la tenue des états de Languedoc à Montpellier, du 26 septembre au 8 octobre 1557, au cours de laquelle le roi fit de nouvelles demandes de subsides pour payer l’effort de guerre. La chronique est tout aussi silencieuse sur la réunion, le 3 janvier 1558 (1557 ancien style), des consuls des principales villes de la généralité de Montpellier au sujet de la fourniture de blé aux garnisons royales.
Bibliographie :
Ivan Cloulas, Henri II, Paris, Fayard, 1985.
Claude Devic et Joseph Vaissète, Histoire générale de Languedoc, Toulouse, Privat ; Paris, Claude Tchou, 2003-2005.tome XI,p. 320-322.
Yves Durand, L’ordre du monde. Idéal politique et valeurs sociales en France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, SEDES, 2001, 398 p.