Le Petit Thalamus de Montpellier

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La chronique française du Petit Thalamus de Montpellier

par Marc Conesa (CRISES) et Stéphane Durand (Centre Norbert Elias)

La chronique française dans le manuscrit AA 9

La chronique française occupe les 110 derniers folios d’un manuscrit en comptant 570. Elle est ainsi matériellement reliée aux annales occitanes, sans solution de continuité avec le Thalamus historique, lequel est d’ailleurs en parchemin tandis que la chronique est rédigée sur du papier.

Mais les folios n’ont pas été couverts en continu et de nombreuses pages blanches surgissent au fil de la lecture, laissant paraître, ici, des hiatus chronologiques, là des aberrations temporelles, ou encore des textes inachevés. C’est ainsi que le recto du premier folio de la chronique (f. 457) évoque l’année 1583, suivi par deux pages blanches consécutives, puis une quatrième sur l’année 1581, et un retour à 1502 à partir du troisième folio. Quant au folio 493, il ne porte sur son recto que la phrase introductive de l’annonce de la liste des consuls pour l’année 1542, suivie d’un blanc couvrant cette face et son verso, laissant place ensuite à un statut de 1583. En tout, ce sont quinze pages blanches, éparses ou regroupées, qui s’égrènent entre le folio 457 v° et le folio 517 v°.

Pourtant, le manuscrit est, quant à lui, folioté en continu, du folio 457 au folio 565, ce qui n’est pas sans signaler une erreur de numérotation puisque il n’y aurait donc que 109 folios. En réalité, il existe deux folios consécutifs numérotés « Vc XIII » ; là se trouve donc le cent-dixième folio. Cela étant, il n’est pas anodin de signaler que, à l’instar de la partie médiévale du manuscrit, les premiers folios de la chronique française sont numérotés en chiffres romains, jusqu’au folio 522, les suivants – depuis le 523 – étant numérotés en chiffres arabes. Pourtant, la césure entre ces deux folios ne correspond pas à un changement d’année, le récit des événements de l’année 1543 s’étendant sur ces deux folios dans une parfaite continuité.

Cette structure à première vue aberrante pose d’ores et déjà la question de la reliure de l’ensemble. A cet égard, la compréhension de cette partie du manuscrit AA9 est un défi codicologique qu’avaient soigneusement gommé les éditeurs du Thalamus Parvus au XIXe siècle en remettant dans l’ordre chronologique les différents textes de l’œuvre sans noter les changements de folios11. Aussi […] notre plus grand labeur a-t-il été de remettre en ordre les feuillets reliés comme au hasard de notre Thalamus, in Thalamus parvus. Le Petit Thalamus de Montpellier, Montpellier, Société archéologique de Montpellier, 1840, p. LXV..