Le Petit Thalamus de Montpellier

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Les annales occitanes, introduction linguistique

par Hervé Lieutard (LLACS)
Dernière mise à jour : 19 février 2021

La graphie occitane du Petit Thalamus

La graphie du Petit Thalamus présente une relative cohérence dans la deuxième partie des annales occitanes, notamment à partir des années 1340. Cette cohérence est le fruit de plusieurs décennies d’écriture qui ont permis d’établir des usages relativement stables. Toutefois, certaines formes graphiques ont nettement évolué depuis les premiers écrits consulaires en occitan de la moitié du XIIIe siècle. Même si, dans l’ensemble, on trouve déjà dans les premiers manuscrits du consulat rédigés en occitan la majorité des graphèmes qui finiront par constituer le système classique, les premiers scribes du consulat ne disposaient pas encore d’un modèle graphique performant, en particulier pour rendre compte de tous les sons apparus depuis l’émergence des langues romanes et plus spécifiquement de tous les phénomènes de palatalisation (ʤ, ʧ, ɲ, ʎ,…) comme nous le verrons ci-dessous. La durée de la rédaction des Petits Thalami qui couvre près de trois siècles fait que s’y côtoient des chronolectes qui permettent d’observer non seulement des évolutions morphologiques, mais aussi des évolutions des habitudes graphiques au fil des générations. Progressivement se mettent en place des combinaisons de graphèmes (les digrammes nh et lh pour ne citer que les plus emblématiques) qui montrent que l’écrit occitan a su s’affranchir du respect strict de l’alphabet latin pour mettre en place des solutions autochtones en adéquation avec les caractères linguistiques originaux de l’occitan. La fixation de règles d’écriture se confronte toutefois au délicat problème des changements phonétiques auxquels est soumise la langue orale sur une aussi longue période d’écriture. Si l’on considère les premiers tâtonnements graphiques de la fin du XIIIe siècle comme une phase nécessaire pour établir des équivalences relativement stables entre graphie et phonie des sons palataux et même si quelques écarts graphiques peuvent sembler assez spectaculaires ou surprenants aux yeux d’un lecteur habitué à un respect strict de la norme écrite des langues standardisées actuelles, la variation graphique dans le Petit Thalamus reste somme toute assez mineure eu égard à la somme des documents en occitan produits par le consulat. Dans tous les cas les variations liées à des erreurs de copistes ou à des initiatives graphiques audacieuses de la part de certains scribes ne remettent pas véritablement en cause le système autochtone que l’on voit se mettre en place et s’affirmer au fil des ans. Ces entorses au bon usage de l’époque restent même mineures si on prend le soin de procéder à des analyses statistiques sur l’utilisation des divers graphèmes dans le manuscrit AA9.