Le Petit Thalamus de Montpellier

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Les thalami montpelliérains : genèse, tradition manuscrite et codicologie

par Pierre Chastang (DYPAC)
Dernière mise à jour : 19 février 2021

Transcription d’actes et appropriation royale du manuscrit

Si le travail de transcription documentaire dans le manuscrit est demeuré occasionnel et discontinu, la teneur des actes respecte l’orientation du cartulaire seigneurial, dans la mesure où tous concernent, directement ou indirectement, la gestion féodale de droits généralement acquis dès la période des Guilhem. Le dossier des ajouts postérieurs à 1203 est ainsi composé :

  • 1. d’une vingtaine de reconnaissances de fiefs (Joseph Berthele, « Le cartulaire des rois de Majorque [désormais CartRM] », Archives de la ville de Montpellier, Inventaires et documents, t. 3, Montpellier, 1904, nos 570, 571, 572, 573, 576, 577, 580, 581, 582, 583, 585, 586, 587, 588, 589, 590, 591, 592, 596, 597, 598, 599, 606 et 608)
  • 2. d’une reprise de fief (ibid., n° 577)
  • 3. de deux inféodations : la première, par Jacques Ier, en faveur d’une femme injustement spoliée (CartRM, n° 569), et la seconde, par l’évêque de Maguelone, de droits sur la monnaie en faveur du roi de Majorque (CartRM, n° 578)
  • 4. de cinq contrats d’accaptes (CartRM, nos 181, 568, 600, 579 et 584)
  • 5. de six actes de paiement de lauzimes en faveur du seigneur (CartRM, nos 594, 570, 601, 607, 603)
  • 6. des actes de reconnaissance des pouvoirs juridictionnels du roi de la part de communautés rurales dépendant de la seigneurie urbaine de Montpellier (CartRM, nos 572, 573 et 574).

L’insertion de la documentation nouvelle dans le livre s’est faite de trois manières complémentaires :

  • 1. deux actes ont été transcrits, certainement peu de temps après leur écriture, sur des espaces du manuscrit initial demeurés blancs après 1203 (CartRM, nos 181, 18 janvier 1205 [n. st] et 568, 13 juin 1230). Le premier des deux actes a été transcrit par le notaire Jacques Laurens, qui est également responsable de la transcription, dans ce même volume, du testament de Guilhem VIII (LIM, n° 99).
  • 2. Après 1259, un chirographe original, dont le sceau a disparu, a été inséré dans le manuscrit à la suite des cahiers formant le codex original (CartRM, n° 569, 19 février 1259 [n. st]). Dans cet acte, Jacques Ier inféode à Brunissende de Montpellier, fille de feu Pierre Aldebert, tous les droits que ce dernier tenait en fief dans les paroisses de Saint-Jean-de-Sainte-Eulalie, Notre-Dame-de-Rouvièges, Saint-Saturnin-de-Camprignan, ces droits ayant été injustement enlevés à Pierre Aldebert par Abrand, lieutenant de Montpellier. Le parchemin forme aujourd’hui le feuillet 191bis du manuscrit.
  • 3. Ce n’est que vers 1260 et jusqu’en 1302, que des ajouts ont été faits sur les feuillets de cahiers ajoutés à la fin du manuscrit, afin de recueillir une documentation nouvelle. Il est possible, en suivant le travail de Joseph Berthelé, de reconstituer une douzaine de phases dans la transcription de ces actes, et de les dater grâce aux authentifications notariées qui figurent à la fin de certaines copies (CartRM, nos 578, 602, 603, 604, 607, 608 et 609).

Les commanditaires de ces ajouts – le roi ou son lieutenant montpelliérain – ont fait copier dans le manuscrit du Liber instrumentorum memorialis augmenté de cahiers supplémentaires, des documents dans lesquels ils apparaissent comme héritiers de la seigneurie des Guilhem, agissant directement comme seigneurs de Montpellier ou percevant des droits afférents. En s’appropriant et en enrichissant le cartulaire des Guilhem, ils plaçaient l’exercice de leur pouvoir seigneurial et juridictionnel dans la filiation de celui de leurs illustres prédécesseurs, fondateurs de la ville.