[a]Changement de
main L’an mil cinq cens vingt cinq
furent consulz de | MotpellMontpellier les
seigneurs que s’ensuyvet, |
sireAbrégé : se Jehan Lasset,
sireAbrégé : se Pierre JohannBotegari,
sireAbrégé : se Jehan Pons,
sireAbrégé : se Jaume Martin,
sireAbrégé : se Jehan Galine,
sireAbrégé : se Robert Lobes.
OuditAbrégé : Oud an a neuf de mars fut pronuncé par | la souveraine court de nosseigneurs les generaulx | de la justice des aydes seant audit Abrégé : audMontpellierAbrégé : Motpellier l’arrest | de la resserche[b]Comprendre « recherche ». generale du diocese de MagueloneAbrégé : Maguene, | lequel est inseré au grand thalamus, folioAbrégé : fo 247, | lequel arrest tend au grand soulaigementAbrégé : soulaigemet de ladicteAbrégé : lad | ville et plusieursAbrégé : plusrs vilaiges du diocese qui Abrégé : qestoientAbrégé : estoiet surchargez.
Année 1525 : commentaire historique
L’année 1525 marque le début de la « recherche générale du diocèse de Maguelone ». Le texte invite ainsi à faire une incursion dans la fiscalité des États du Languedoc. Le circuit de l’impôt est celui-ci : le montant de l’impôt est d’abord convenu entre le roi et les États provinciaux. Le montant des différentes impositions est ensuite réparti entre les 22 diocèses civils qui composent la province et qui sont généralement calqués sur les diocèses religieux. Les assemblées diocésaines se chargent ensuite de les répartir entre les communautés. L’assiette qui permet cette répartition est le résultat de la recherche générale. Celle-ci consiste en un inventaire général de la richesse foncière du diocèse de Maguelone, dont relève la communauté de Montpellier. En fonction de cette levée, est fixé, parfois pour plusieurs décennies, la quote-part dont devra s’acquitter chaque communauté et chaque bien roturier. Ces enquêtes fiscales coûtent fort cher. De facto, elles ne sont renouvelées qu’au terme de plusieurs années voire plusieurs décennies. Elles peuvent être l’objet d’un véritable soulagement, ce qu’exprime clairement le Thalamus, lorsque certains qui sont enrichis tout en payant moins d’impôt que d’autres qui ont vu leur fortune stagner ou décroître. Elle s’accompagne pour Montpellier d’un compoix, partiellement conservé pour les sixains de Sainte Croix, Sainte Foi, Saint Firmin et Saint Mathieu dont la lente confection occupe plusieurs années de la chronique (1525-1528). Au-delà de Montpellier, ces recherches générales posent le problème de l’inégalité devant l’impôt dès lors que celui-ci pèse plus lourdement sur la terre, ce qui profite évidemment aux villes au détriment des campagnes. Tout à son soulagement, la chronique semble en oublier le reste du monde. Aussi ne sont pas mentionnés d’autres événements notables qui ont marqué cette année 1525 comme la bataille de Pavie, où le roi de France, François Ier, chargeant à la tête de ses gendarmes, et empêchant en cela l’artillerie de tirer, est défait par le tir des arquebuses espagnoles. 6000 à 8000 français auraient été défaits et le roi est captif de son rival Charles Quint qui le fait conduire en Castille, à l’Alcazar.
Sources et bibliographie :
Les registres de la recherche générale du diocèse de Maguelone sont déposés aux Archives départementales de l’Hérault (1 B 10886-10952 [1519-1522]), à l’exception des trois livres concernant Montpellier conservés dans les archives de la ville (Inventaire de Joffre, tome VI, p. 366 et sqq.).
La bibliographie sur la fiscalité languedocienne et les compoix est abondante. Quelques travaux peuvent être indiqués : Stéphane Durand, Arlette Jouanna, Elie Pélaquier (dir.), avec la collaboration d’Henri Michel et Jean-Pierre Donnadieu,Des États dans l’État. Les États de Languedoc, de la Fronde à la Révolution, Genève, Librairie Droz, 2014, 984 p. ; Bruno Jaudon, Les Compoix de Languedoc. Impôt, territoire et société du XIVe au XVIIIe siècle, Rennes, PUR-AHSR, 2014, 606 p. ; Lucie Laumonier, « Les compoix montpelliérains : approche qualitative des archives fiscales médiévales », Memini. Travaux et documents, 2010, p. 96–110. Disponible en ligne : http://dx.doi.org/10.4000/memini.326 ; Henri Michel, « Note Sur Les Compoix Montpelliérains de La Fin de l’Ancien Régime », Publications de l’École française de Rome, 120 (1989), p.189–208.
Sur Pavie, deux ouvrages peuvent être proposés comme autant de perceptions de l’événement : Jean Giono, Le désastre de Pavie (24 février 1525), Paris, Gallimard, « folio histoire », 1963, rééd. 2012, 512 p. ; Jean-Marie Le Gall, L’Honneur perdu de François Ier, Paris, Payot, « Bibliothèque historique Payot », 2015, 496 p.